J'ai envie de parler de mes impressions à mon arrivée au DrupalCon Portland, qui a eu lieu du 20 au 24 mai 2013.
À l'inscription, je ne vois qu'une marée humaine d'hommes blancs entre 25 et 45 ans. Je cherche et je me rassure en voyant quelques femmes par ci par là. En commençant donc ma journée avec un certain sentiment d'imposture, je décide d'aller à la présentation sur Views dans Drupal 8.
J'hésite à aller à la conférence sur la diversité dans la communauté Drupal : http://portland2013.drupal.org/node/2083. Le sujet porte sur le manque de représentation des minorités et des femmes dans la communauté Drupal. Mais je me dis que je n'ai pas besoin d'y aller car, moi là, je suis déjà consciente des enjeux et des problèmes. Dans mon imagination naive, je me dis que c'est un sujet bienvenu dans cette communauté masculine et qu'il y aura un intérêt. En plus, spontanément, c'est la conférence à laquelle un collègue me suggère d'aller. Ce qui a pour effet de me faire enrager et de m'encourager à aller à la conférence sur Views.
La salle pour la conférence sur Views est bondée de monde, des gens attendent debout, ça promet. Malheureusement, le présentateur a la malchance de voir son écran devenir bleu comme les cieux. Il doit faire sa présentation sans images. Gros problème technique. Il se débrouille très bien et arrive à résumer tant bien que mal les fonctionnalités. Après une quinzaine de minutes de problèmes techniques, je décide alors de donner une chance à l'autre présentation sur la diversité dans la communauté.
En entrant dans la salle, je suis choquée : il y a peut-être une quarantaine de personnes. La salle est vide. Ce sont en majorité des femmes. Dans sa présentation, Ashe Dryden parle de la représentation des femmes dans l'industrie des nouvelles technologies. -Les femmes représentent 24% de la population des tech. et de 1.5% à 3% des contributeurs de Drupal. -56% des femmes quittent l'industrie des tech. à l'intérieur de 10 ans. -Il y a 2.7 fois plus d'hommes dans les hautes positions. -Les femmes ont un moins bon salaire pour le même travail.
Elle a donné l'exemple d'une étude où des panels de professeurs d'universités réputées ont dû évaluer des employés. On leur montrait exactement le même c.v., la seule différence était le prénom de la personne (John VS Jennifer). Durant l'évaluation, l'homme recevait 4 points et la femme 3.3 points en moyenne. Pour le salaire, on proposait 20% de plus à l'homme. Cette discrimitation est une pure construction sociale. Voici quelques autres domaines de discrimination : -L'accès à un ordinateur environ 7 ans plus jeune pour un garçon. -L'exposition à la technologie et aux sciences dès le plus jeune âge pour les garçons. Un meilleur accès, de meilleurs outils, etc. -Le manque de modèles féminins en informatique. -La dominance des stéréotypes geeks et/ou masculins. -La discrimination subtile dans les intéractions de tous les jours, les possibilités d'avancement, les salaires et les offres d'emploi.
Résultat : un sentiment d'aliénation, d'exclusion et de frustration. Bien sûr, il est important de dénoncer les discriminations. Cependant, lorsqu'une femme va dénoncer une situation injuste, elle ne sera pas prise autant au sérieux que si un homme le mentionne. Certains peuvent se sentir attaqués ou se mettre sur la défensive entre autre. Quelques pistes :
-Il est de la responsabilité de chacun de dénoncer les situations problématiques. -Prendre des mesures concrètes pour encourager les femmes ou les personnes issues de minorités à prendre leur place. -Apprendre à reconnaître ses torts. -Parler ouvertement et surtout écouter. -Changer les mentalités d'entreprise et reconnaître que la diversité est un immense force. -Penser différemment lorsqu'on engage des travailleur(euse)s. Chercher dans d'autres milieux. Chercher des compétences différentes. Ne pas tomber dans de vieux réflexes.
La situation n'est pas totalement dramatique mais je suis convaincue qu'on peut faire MIEUX! En commençant par soi-même!
Lydie Servanin Koumbit.org